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Au commencement était le chaos
Bibliapedia & YouPray
Aujourd’hui, nous allons donc lire la première page de la Bible! Elle se trouve dans le livre de la Genèse. Comme pour toute analyse de texte, il faut comprendre de quel genre de texte il s’agit.
Dans le 1er chapitre de la Bible, l’auteur veut nous expliquer pourquoi, dans quel but, le monde a été créé, quel est le projet de Dieu. Et c’est vrai que c’est la première question que l’on doit se poser.
Et quelle est la façon de parler du texte ? A l’époque où le texte a été écrit, pour expliquer le “pourquoi”, on avait l’habitude de raconter… des histoires. C’est pour cela que dans cette première page, on va parler du premier jour, du deuxième jour, de ce que Dieu dit etc.
Sans plus attendre, voici un moment très important: nous allons lire la première phrase de la Bible : Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
Cette phrase majestueuse est comme le TITRE et le résumé du premier chapitre de la Genèse. Si nous vivions à l’époque de ceux qui ont écrit ce texte, nous dirions: “Quoi????? Mais vous êtes fous!!! Parce qu’à l’époque, on ne croyait pas du tout ça. A l’époque… mais au fait, à quelle époque et où a été écrit ce texte? Nous avons vu la fois précédente toute l’histoire du salut en accéléré: alors? Ce texte a été écrit pendant l’exil à Babylone. En observant les croyances religieuses polythéistes à Babylone, le peuple d’Israël en déportation a réagi et voulu expliquer en quoi ses croyances étaient différentes de celles des Babyloniens. Alors, des prêtres juifs ont repris les “histoires religieuses” des Babyloniens et ils les ont réécrites… en changeant quelques “petits détails”.
Reprenons donc cette première phrase, Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre, qui est très soigneusement écrite. D’abord, elle fait 7 mots (en hébreu, pas en français!). Ce n’est pas par hasard! C’est fait exprès car 7 est un chiffre qui représente la perfection dans la Bible. Et même avant: pour les Babyloniens, les 7 planètes qu’ils connaissaient étaient des dieux. On pense que ce chiffre 7 vient de la lune qui a 4 phases de 7 jours.
Passons maintenant de la 1ère phrase… au 1er mot: commencement. En hébreu, cela se dit BERESHIT.
C’est d’ailleurs ce nom que les Juifs donnent encore aujourd’hui au livre de la Genèse: En effet, ils ont l’habitude de donner comme titre à leurs livres le 1er mot ou un des 1ers mots du texte. Cela veut dire que la création n’a pas toujours existé. Elle a eu un commencement. En fait, bereshit ne veut pas exactement dire “commencement” mais “En-Tête” (c’est la traduction donnée par André Chouraqui). Effectivement, la tête, c’est le commencement du corps…
Pour l’occasion, l’auteur a inventé un mot: il fallait au moins ça pour commencer la Bible!!
Penchons-nous maintenant sur… la 1ère lettre du 1er mot! Eh oui, même le choix de la 1ere lettre est important!
Si vous, vous aviez écrit un livre pour raconter la Création, quelle lettre auriez-vous choisie pour commencer? La lettre A! Or, la Bible commence par un B (beth en hébreu). La tradition juive s’est beaucoup interrogée sur la raison pour laquelle la première lettre de la Bible est un B et non... un A (aleph en hébreu). Elle a listé… 700 hypothèses!
Nous n’allons pas vous donner les 700 réponses des rabbins (nous ne les connaissons pas toutes!). Mais il y en a une qui dit: c’est parce que le monde créé, le monde du B, est second par rapport à Dieu qui est depuis toujours, et qui est représenté dans la tradition juive par la lettre A.
Le 2ème mot, “créa” (en hébreu, on met souvent le verbe avant le sujet), se dit BARA en hébreu.
Les Babyloniens pensaient que la création du monde était le résultat d’un combat entre 2 dieux: le gagnant avait coupé le vaincu en 2 (beurk), avec une moitié il avait fabriqué le ciel, et avec l’autre moitié, la terre. Ils croyaient donc que notre monde vient de la violence, d’un combat, et que c’est la moitié d’un cadavre! Dans ce récit au contraire, le monde n’est pas créé par violence et à cause d’un combat. Il existe d’autres verbes en hébreu pour dire “créer” mais ils veulent souvent dire “mettre en forme”, c’est-à-dire créer à partir de quelque chose. Nous, quand on “crée” un pot en argile… on a de l’argile, on ne part pas de rien. Le verbe bara est utilisé uniquement quand c’est Dieu qui crée, parce que Dieu a la particularité de pouvoir créer à partir de… rien!
Le 3ème mot, “Dieu”, peut se dire de plusieurs façons en hébreu.
Seigneur, YHWH (normalement, ce nom ne se prononce pas!), le Tout-Puissant… ici c’est le mot ELOHIM qui est utilisé.
Ce qui est intéressant, c’est que ce mot est… au pluriel (la terminaison “im” est le masculin pluriel).
Le texte semble dire qu’il y a plusieurs dieux. Mais le verbe (bara) est au singulier! L’auteur veut nous dire qu’il n’y a qu’un Dieu, mais en même temps que le singulier ne suffit pas pour définir Dieu… Cela aussi est une nouveauté car à l’époque, on croyait en plusieurs dieux (ce qu’on appelle le polythéisme).
Cela ne nous ferait-il pas penser à quelque chose? La Trinité ! La Trinité est donc comme cachée dans le texte…
Passons à la fin de la phrase : Le ciel et la terre.
Certaines croyances disaient que le ciel était un dieu, et la terre un autre. Or si Dieu a créé le ciel et la terre… c’est qu’ils sont des créatures, donc qu’ils ne sont pas des dieux.
De nos jours et en France, cette phrase est encore stupéfiante… mais pour une autre raison! La majorité des gens ne croit plus en Dieu. Donc, dire que la création n’est pas un hasard, qu’elle a été voulue par Dieu, ça pourrait encore faire la UNE des journaux.
Nous passons à la deuxième phrase : La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Cette phrase fait 14 mots.
J’arrêterai ensuite avec les précisions sur les chiffres, mais c’est pour vous montrer que ce texte est comme une tapisserie où rien n’est laissé au hasard. Fermons les yeux une seconde et essayons de nous représenter ce que décrit cette phrase. Vous y arrivez? Pas moi! En fait, l’objectif de l’auteur est précisément que nous n’arrivions pas à nous représenter cela, car c’est une façon imagée de décrire “RIEN” (le néant). En hébreu, cela se dit “tohu-bohu”. Un tohu-bohu c’est un désordre, un bazar si vous voulez.
A votre avis, que va faire Dieu s’il y a du bazar? Il va mettre de l’ordre. Le texte veut dire que le projet de Dieu est un projet d’ordre. Le contraire de la création, ce n’est pas juste le néant, c’est le chaos, le désordre. D’où… l’importance de ranger sa chambre :). Ce que fait Dieu quand il crée, c’est mettre de l’ORDRE dans une bouillie informe et sans repères, sans règles de fonctionnement.
Dire qu’au commencement, la terre était informe et vide, c’est aussi montrer que le projet de Dieu va du négatif vers le positif: il progresse! Ce n’était pas du tout habituel comme idée à l’époque: les mythologies racontaient qu’il y avait eu un âge d’or, et que depuis tout se dégradait. Pour la Bible au contraire, la fin du monde est meilleure que le début!
Et puis il y a le Souffle de Dieu qui: à la fois est au-dessus du monde et ne s’identifie pas avec lui et à la fois anime le monde puisque c’est lui qui va organiser le chaos. Ce souffle, c'est l'Esprit-Saint. Effectivement, le mot hébreu utilisé ici, ruah, signifie “souffle”, “vent” mais aussi “esprit”. Il annonce une Personne que nous allons découvrir progressivement tout au long de la Bible: l’Esprit Saint.
Arrêtons-nous là pour aujourd’hui. Lire les 2 premiers versets de la Bible ça peut au final prendre toute une vie.
Retenons déjà les premiers mots en hébreu : Bereshit bara Elohim et hashamayim veet haaretz.